jeudi 30 octobre 2008

L'histoire d'un type sacrément drôle.


(...)


"Probablement est-il trop sombre, ne s'intéresse-t-il pas suffisamment au quotidien pour tenir une relation sur la longueur. La réalité ne suffit pas ; il lui faut le renfort de la fiction – du fantasme –, qu'il s'administre de façon mécanique, comme traitement à son mal chronique : une forme de dépression.

Je ne porte aucun jugement moral sur la « légèreté » de ce personnage ; son profil m'intéresse – le fait de filmer un personnage qui ne parvient pas à fixer son attention, ses sentiments sur les choses, et dont la « lâcheté » (je ne donne pas à ce terme un sens péjoratif) est le fil conducteur, le moteur – pour ne pas dire la dérive – du récit.

Plus précisément, "La Colline" est l'histoire d'un homme égaré dans ses fictions – qui n'y adhère que par instants – ; étranger dans son propre couple, dans sa ville, comme dans les lieux de son enfance.
Il aime croire qu'il se plaît avec une fille, s'abandonne avec elle à un quotidien, à une sorte de petite liturgie, mais sur le long terme cela ne tient pas. Ce qu'il a laissé derrière lui l'indiffère. Ce qu'il a sous les yeux, le temps présent l'intéressent peu, sauf à les délayer dans la fiction. On peut dire de ce personnage que, comme le reste, l'enthousiasme lui passe.

(...)

L. est prisonnier d'un schéma. Les décors se substituent les uns aux autres, mais rien profondément ne change. Il n'est en aucun cas cynique. Il n'est simplement pas dans l'instant présent ; hanté par les présences passées, les souvenirs, il pressent également – et par là-même précipite – l'échec à venir. Au mieux, il se projette dans le fantasme d'une prochaine relation.

Il est habité par des récits, des fantasmes. Il trouve une impulsion, un peu de vérité dans le début d'une relation ; la suite consiste à composer avec son déclin – se le masquer à soi-même autant que le maquiller à l'autre. La rupture et la rencontre – qui, dans le cas présent, coïncident – sont deux moments forts entre lesquels il tente de maintenir un semblant de tension ; mais il peine à percevoir les enjeux de la relation en elle-même, et échoue à s'y investir.

Il n'y échappe – brièvement – que dans l'impulsion de la destruction, de la rupture."

(...)

(extraits de la note d'intention)

Aucun commentaire: