lundi 17 novembre 2008

avoir (un peu et parmi d'autres) Resnais à l'esprit



J'aurai sans doute bien du mal à convaincre qui que ce soit de la dimension politique de La Colline, tant il est tentant de ne voir dans les films (courts ou longs) que l'enflure (d'autres diront le développement) d'un synopsis (d'autres diront le pitch), autant dire, le plus souvent, une blague carambar péniblement étirée (l'avantage du caramel) jusqu'à une chute censée en justifier le récit, ou la pauvre et plate illustration d'une histoire sans enjeu ni point de vue, mise en scène comme un téléfilm du dimanche après-midi. Des oeuvres qui m'évoquent, dans l'écriture comme dans la mise en scène, les nouveaux formats de publi-fictions que, dans les salles de cinéma, l'on intercale maintenant entre deux bande-annonces.
Une comédie sur l'amour aujourd'hui ! Les galères sentimentales d'une bande de trentenaires parisiens ! Ben, le célibataire endurci... Clara, qui rêve du grand amour... Séb, qui hésite à s'engager avec Anna... Et, à les voir se débattre entre leurs 3 pièces Pier Import et sans poussière de cadres sup' et les rues populaires (mais proprettes, récurées jusqu'au moindre caniveau) du onzième arrondissement, moins réacs, dans le fond, que désespérants de mollesse, j'ai comme envie de m'énerver...

Le fait est que je viens tout juste de voir La Guerre Est Finie, qui confirme tout le bien que, depuis Je T'Aime Je T'Aime (et jusqu'au récent et sous-estimé Coeurs), je pensais d'Alain Resnais. Dire une chose, mais ne pas de se contenter de cette chose-là (ni même de la dire, d'ailleurs : la problématiser) ; avoir un propos, une trame (scénario précis, brillant de Jorge Semprun), mais ne pas en être l'esclave, et ne pas lui sacrifier la forme (je pense aux scènes d'amour - la première avec Geneviève Bujold, la seconde avec Ingrid Thulin ; à la façon dont Resnais rend compte de la confusion s'installant dans l'esprit nécessairement précis du personnage de Montand - qui interprète un militant anti-franquiste, troquant une identité pour une autre, jonglant avec les informations, les mots de passe et points de rencontre).

Je ne vais pas en revendiquer l'influence ; disons que j'aimerais l'avoir à l'esprit.

PS : je viens aussi de voir - j'en parlerai plus tard et sur un autre blog, à l'occasion de mon top 10 2008 - Quatre Nuits Avec Anna - le premier Skolimowski en dix-sept ans - et Two Lovers, le nouveau Gray.